Ville de Pont-de-Claix — châssis n° 12-C-55
Cet autocar Berliet porte le numéro fut mis en service le 29 novembre 1972 par la Ville de Pont-de-Claix pour son Service Social (transport des élèves et des personnes âgées). Il fut retiré du service en 1991 et revendu à un musicien de la région qui l’a amoureusement entretenu jusqu’à son décès. Sa veuve a ensuite fait évacuer l’autocar par un récupérateur qui nous l’a revendu à deux membres de Standard 216.
Lorsque nous l’avons récupéré, le moteur tournait à merveille. Il a d’ailleurs rejoint le lieu de stockage de notre collection à l’époque (le dépôt VFD de Saint-Martin-d’Hères) par ses propres moyens, le 12 mai 2005. Ce fut une grande première pour l’association, les précédents véhicules ayant été remorqués.
La Régie des VFD a eu plusieurs dizaines d’autocars Cruisair 3 dans son parc, équipés eux de moteurs GM (General Motors), contrairement à notre autocar équipé du moteur Berliet 8 cylindres.
Notre autocar est lui aux couleurs de la ville de Pont-de-Claix. Il représente (avec le SC 10 Villard-Bonnot) le transport municipal que beaucoup de jeunes et moins jeunes utilisent encore. Et il représente également la commune qui héberge notre Histo Bus Dauphinois !
Le dernier des pur-sang Berliet
Le Cruisair est l’un des derniers autocars à arborer le logo Berliet, avant le regroupement Berliet-Saviem de 1978. Le modèle est né en 1968 comme le remplaçant de la gamme PH vieillissante. Il est décliné en 3 longueurs (10, 11 et 12 m, le Cruisair 3 étant la version 11 m).
Le constructeur l’avait voulu fiable, confortable, rentable et « répondant aux désirs de toutes les clientèles ». Le bien- être des passagers a été particulièrement soigné : fauteuils à têtières et accoudoirs relevables qui permettent, grâce au silence mécanique à la douceur de la suspension, des conversations de salon ou un repos réparateur sur les longues étapes. 40 à 49 passagers (selon les dispositions de sièges) accèdent facilement à un habitacle aux couleurs chatoyantes et jouissent d’une visibilité tous azimuts exceptionnelle. Filets et vide-poches accueillent les bagages à main, tandis que les valises sont aussi bien traitées que les passagers dans de grandes soutes ouvrant à droite et à gauche : il est le premier autocar français à faire preuve d’une telle générosité.
Bien isolé thermiquement, chaud l’hiver et frais l’été, il offre un chauffage puissant et une aération individualisés par diffuseurs orientables. La liste des éléments de confort et de sécurité serait longue : tapis, moquettes, rideaux ininflammables, plafonniers collectifs, éclairages individuels, glaces qui basculent en leur partie supérieure, sonorisation avec radio et cassettes, cendriers, … 8 ou 9 strapontins pouvaient être adjoints afin d’occuper totalement l’espace… en toute insécurité selon les critères d’aujourd’hui !
Le conducteur n’est pas oublié : le poste de conduite est traité dans le style automobile, très lumineux avec une visibilité parfaite sur les faces avant et latérales, des phares à iode, des rétroviseurs généreux et des essuie-glaces à pantographes. Il n’a plus rien d’un camion.
La direction assistée à huile est douce et braque bien (11,75 m entre trottoirs) compte tenu de gabarit de l’autocar. La tenue de route bénéficie de la longue expérience de Berliet : suspension Airlam constituée de coussins pneumatiques et de ressorts à lames associés à des amortisseurs hydrauliques à double effet. Le confort est indépendant de la charge et la stabilité latérale est renforcée par des barres de torsion anti-dévers. Il dispose d’un ralentisseur électromagnétique Telma.
Le châssis consiste en un cadre droit à deux longerons en U, entretoisés par des traverses centrales en X rivetées sur ce cadre. Son moteur, très accessible, est définitivement fixé à l’arrière, comme sur les autocars allemands de prestige. Notre autocar est équipé du moteur Berliet V-800, de 6, 92 litres et 175 ch. Un moteur 2 temps General Motors était également proposé, un V6 plus puissant (200 ch) mais moins fiable.
Mais le Cruisair n’était pas exempt de défauts, tels les placages d’aluminium favorisant la corrosion, l’emploi de plastiques un peu « légers » ou de solutions techniques mal étudiées : position de conduite très peu ergonomique, cascades de courroies sensibles à la casse, freinage oléopneumatique à double circuit, sous une pression d’air de 17 bars, efficace mais parfois brutal, freins de secours et de parcage mal étudiés, ce dernier frein ayant tendance à rester bloqué inopinément.
Ces petites pannes à répétition ont sans aucun doute, entravé son succès. Il en sera tenu compte sur les modèles qui assureront sa succession mais le Cruisair a audacieusement montré la voie de l’autocar français des vingt dernières années du XXe siècle.
immatriculation | 1249 TH 38 |
numéro de série | 12-C-55 |
longueur | 11,00 m |
largeur | 2,50 m |
poids à vide | 9,04 t |
poids total en charge | 14,0 t |
moteur | diesel Berliet V800 à 8 cylindres en V de 175 ch |
boite de vitesse | BXSA-107 à 5 rapports, manuelle |
capacité | 49 assises |